Contexte historique
Le style Directoire, dit néo-classique, sera le lien entre les styles Louis XVI et Empire. La décoration intérieure est encore empreinte de charme et de goût quoique l'emploi de coloris très soutenus et contrastants, allant du violet au brun étrusque, du bleu foncé au rouge, ne semble pas avoir été très heureux. Le choix des ornements et quelques pièces de mobilier sont copiés sur des documents pompéiens ou grecs. C'est l'acheminement vers la formule rigoureuse, un peu gourmée, qui sera l'apanage du style Empire ; il faut noter l'influence considérable des frères Robert et James Adam (qui faisaient fureur en Angleterre à celte époque). On leur emprunte particulièrement le motif en éventail, d'une géométrie un peu sèche et maigre qui se répète en maintes occasions, particulièrement sur la toile de Jouy. Il est intéressant d'observer que ce graphisme de l'éventail est celui qui fût à la base de l'interprétation anglaise du style gothique.Styles précédents ou préexistants
Louis XVI : Les meubles bien que souvent décorés de riches marqueteries, de bronzes, de laques du Japon présentent une forme aux lignes droites. Les marbres utilisés sont souvent blancs.Principales caractéristiques
Les formes se simplifient : les courbes discrètes et les lignes droites sans rigidité s'allient dans une grande élégance. Le style Directoire annonce le style Empire sans en avoir toutefois la lourdeur. Tirant son nom du Directoire, c’est-à-dire du gouvernement des Directeurs qui dura quatre ans, de 1795 à 1799, ce style ne forme pas une entité indépendante, mais doit être défini comme un phénomène de transition, faisant le lien entre les styles Louis XVI et Empire. En un mot, c’est un style qui relève à la fois du Louis XVI finissant et des prémices de l’Empire. Déjà sous le règne de Louis XVI, un mouvement prônant une imitation plus fidèle des modèles antiques avait vu le jour ; ce n’est cependant qu’avec l’Empire qu’il atteignit sa pleine maturité. Si la Révolution de 1789 ne fut pas à l’origine d’un changement radical dans le domaine du mobilier, elle permit tout de même d’accélérer le mouvement, celui-ci répondant précisément au goût des révolutionnaires pour les idéaux républicains des sociétés de l’Antiquité. Nombre de pièces appartenant au style Directoire prolonge la tradition classique du Louis XVI, mais avec un traitement plus sévère. À cette époque friande d’allégories de toutes sortes, les emblèmes révolutionnaires envahissent le mobilier, le décor mural et les textiles. Parmi ceux-ci figurent ainsi le bonnet phrygien (liberté), les niveaux à bulle (égalité), les mains jointes (fraternité), les pics (liberté de l’homme), l’œil inscrit dans un triangle (raison), les trois ordres de la nation soit la croix (clergé), l’épée (noblesse) et la pelle sommée du bonnet phrygien (le tiers état), etc. Le mobilier se devait d’être la copie conforme de pièces mises au jour par les fouilles de Pompéi, ou s’inspirer de représentations figurant sur des vases antiques ou des bas-reliefs. David, le célèbre peintre, fit plus pour l’établissement de ce nouveau goût que nul autre. Il dessina une série de pièces – copies plus ou moins exactes de modèles Gréco-romains – et donna l’ordre à Jacob de les produire à son attention en 1789 ou 1790. Parmi ces fameuses pièces, figuraient des sièges en acajou de forme curule avec piètement en X, inspiré du klismos grec, et le gracieux lit de repos aux lignes pures sur lequel David représenta Madame Récamier. La Révolution eut pour conséquence la suppression des corporations de métiers ; celles-ci furent en effet supprimées en 1791. Cela signifia que les règles grâce auxquelles les corporations avaient contrôlé la formation des artisans, leur apprentissage et leur compagnonnage, furent abolies et que rien n’entravait plus la libre production de biens ouvragés, quel que soit le métier concerné. Les arts du luxe, comme la production de mobilier, commencèrent ainsi à décliner à partir de cette date, exception faite du mobilier de prestige exécuté sous le Premier Empire par des artisans ayant conservé les traditions d’excellence issues des règnes des trois Louis. Le décor intérieur le plus célébré des derniers années de la République appartenait incontestablement à Madame Récamier. A la pointe de l’évolution stylistique, cet ensemble était dû au génie de deux hommes, Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, les fameux ornemanistes. Exécutés en acajou, sièges et lits de repos, aux larges courbes rappelant de manière très convaincantes leurs modèles grecs, sont souvent remarquable dans leur traitement raffiné et archéologiquement documenté. D’autres types de meubles de cette époque arboraient souvent des ornements extravagants, à la fois archéologiques et symboliques, comme les glaives romains, le foudre de Jupiter, des pieds d’animaux crochus et des mufles de lions. Après la campagne d'Égypte de Napoléon, à laquelle pris part un grand nombre de scientifiques, écrivains et archéologues, la France et l’Europe furent en proie à l’égyptomanie la plus virulente. Parmi les observateurs figurait l’architecte et archéologue Dominique Vivant Denon (1747-1825) qui profita de son séjour en Égypte pour rassembler la matière d’un livre, Le Voyage dans la basse et la haute Égypte, publié en 1802. Cet ouvrage capital, très vite connu pour ses descriptions et ses planches reproduisant des sphinx et pylônes, contribua très largement à la diffusion d’ornements de type égyptien. En effet, peu de temps après sa publication, nombre de pièces d’inspiration égyptienne firent leur apparition dans les collections de dessins de Percier et Fontaine. Par le coup d’État du 9 novembre 1799, Napoléon établit le Consulat et devint lui-même Premier Consul. Cet acte marqua le début de son rôle dans l’évolution artistique, bien qu’il n’accéda au trône qu’en 1804. Dès 1799, une de ces préoccupations fut de reconstituer une nouvelle cour; pour donner à celle-ci un cadre digne, il occupa des palais déjà existants, mais qu’il souhaita remeubler de manière à évoquer ses propres accomplissements et son régime. Dans ce but, il employa Percier et Fontaine, ardents défenseurs du goût antique, qui redécorèrent Saint-Cloud, les Tuileries, le Louvre et d’autres appartements palatiaux dans un style caractéristique de cette époque marquée par d’importantes conquêtes militaires. C’est donc au cours du Consulat que le style érudit et archéologique qui allait être celui du Premier Empire vit le jour, né du génie de Percier et Fontaine. Le décor intérieur multiplia ainsi les symboles liés à la guerre et les figures de la victoire aux ailes déployées et aux drapés flottants ; plus tard, vinrent les emblèmes impériaux, comme les aigles. A l’évidence, l’art grec, sobre et simple, ne parvenait pas rendre ce que le pouvoir impérial souhaitait exprimer de grandeur et d’héroïsme. Le style de Napoléon alla donc chercher ses modèles dans l’art massif et pompeux de la Rome antique. Peu nombreuses sont les pièces de mobilier auxquelles on donna de nouvelles formes avant l’Empire. Dans le domaine du siège, deux types très fréquents sont discernables et, à l’instar tous les sièges Directoire, leurs pieds postérieurs, de section carrée, présentent une courbure en forme de sabre. Ceux-ci sont ensuite prolongés par les montants du dossier ; ce trait spécifique est le premier élément que l’on remarque dans les imitations du klismos grec et ne manque pas d’élégance. Des deux types de siège Directoire, le premier est encore proche du style Louis XVI. Le dossier, légèrement concave, possède des montants évasés formant des angles plus ou moins prononcés avec la traverse supérieure. Le deuxième possède quant à lui un dossier renversé en crosse, à la manière du klismos. Communs aux deux types sont les formes des pieds antérieurs, toujours tournés et fuselés ; les accoudoirs se terminent en pommeaux, volutes ou sont à angle droit et ornés, au raccordement avec le dossier, d’une palme ou d’une coquille sculptée. Les supports d’accotoir sont en forme de balustre ou de colonnes ; parfois, comme c’est le cas pour l’un des fauteuils de Madame Récamier, les supports adopte la forme d’un sphinx ailé ou un motif similaire. L’ornement sculpté, peu tourmenté à cette époque, se décline en marguerites, étoiles, soupières – un type de vase antique –, des filets en relief ; le losange, complet ou à angles rabattus, est l’un des motifs Directoire les plus fréquemment répété.Ornementation
Les principaux motifs d'ornementation sont la palmette, le losange et les animaux, les chimères. Ils sont utilisés dans les piétements des meubles et les consoles d'accotoirs des sièges. Certains événements politiques ont mis à la mode des motifs particuliers : emblèmes révolutionnaires et motifs égyptiens après la Campagne d'Egypte. Nous retrouverons d'autres motifs tel que les vases antiques, urnes sculptées, colonnes détachées, flèches, lions ailés, rosace inscrite dans un losange ou un carré, dragons, sirènes, buste féminin avec ailes d 'aigle, sphinx grec portant sur la tête un panier de fruits. Motifs révolutionnaires : victoire ailée coiffée d'une lyre, rameaux de chêne, tables de la loi, mains jointes, oeil et coq gaulois, casques et trophées, libertés, peupliers, cocardes, piques. Deux sculptures que l'on trouve couramment sur les sièges et sur les armoires : la marguerite, à la ceinture et à la tête des pieds le losange, sur les armoires, les dossiers et les supports d'accotoir des sièges Les bronzes sont peu nombreux : plaques de cuivre en losange, en écusson, têtes d'animaux, petits masques de personnages, quelques baguettespiétement
Les pieds sont droits : en colonnettes trapues, à gaine, ronds, cannelés. Ils se terminent souvent en boule. Les pieds arrière des sièges sont en sabre. Quelques pieds en patte d'animal, mais ils sont plus rares.
Mobilier
Le mobilier est sensiblement le même qu'à l'époque précédente ; il faut noter dans l'interprétation des sièges quelques modifications : le sommet du dossier, légèrement renversé en arrière, s'enroule en volutes - on le nomme à crosses ; ou bien, à partir des accotoirs, s'élargit en trapèze - on le nomme «à cornes». Les pieds de devant, droits et sculptés, sont toujours joints à la ceinture par le dé de raccordement orné de stries (motifs typiques du style Directoire)..- Les sièges Les chaises sont en acajou, en bois fruitier, en hêtre, quelques-unes sont peintes. Le dossier est généralement tout en bois : haut dossier terminé par un large barreau décoré en bas relief, et dont la partie centrale est ajourée. Certains dossiers sont à crosse, c'est-à-dire que le sommet s'enroule en volute vers l'arrière. Les chaises sont recouvertes de tissu à rayures. Les fauteuils ont les mêmes caractéristiques que les chaises. Les accotoirs sont terminés en boule ou en volute. La chaise gondole est ie seul siège confortable de l'époque. Basse, elle dispose d'un dossier arrondi très enveloppant..
- Les tables La table de salle à manger est ovale ou ronde, à abattants, en acajou ou en bois peint, à quatre ou six pieds. La table bouillote, servant aux jeux de cartes, est ronde. Elle dispose d'un dessus de marbre, de deux tiroirs et de deux tablettes mobiles. Les guéridons sont en acajou, de forme ronde à dessus de marbre reposant sur uns base en trépied.
- La psyché Création du Consulat, c'est le meuble typique des "merveilleuses" et de Joséphine. C'est une grande glace basculante prise entre deux montants verticaux au socle massif, entourée d'un cadre bandeau. La psyché est parfois montée sur des pieds en X. Lorsqu'ils sont droits, ces accessoires sont surmontés d'un emblème de bronze : vase, urne, tête antique, guirlandes, enroulements. Souvent ils portent deux bras de lumière en métal ciselé sur les côtés.
- Les armoires Il existe des armoires Directoire en bois clair à deux vantaux, d'une ornementation très sobre. Un losange marqueté est la seule parure des portes. Des pilastres cannelés encadrent souvent les vantaux.
- Les bibliothèques .
- Les lits Le bois est souvent peint de filets et de motifs foncés. Deux dossiers à colonnettes détachées encadrent un panneau dont le fronton, orné d'un motif, se termine en, volute.